[Focus] Paul Vuillot, médaillé aux Worldskills 2023

Paul Vuillot a représenté l'Ecole des Métiers aux Worldskills 2023

Comment ça vient, l’idée de s’engager aux Worldskills ? 

Ça a commencé avec la préparation de la Coupe Georges Baptiste. Mme Arnal (enseignante en hôtellerie-restauration) m’avait proposé d’y participer, on avait fait les préparations… et le Covid a tout arrêté. Je me faisais une raison, et un jour en cours elle m’a glissé : “Pourquoi pas les Worldskills ?” J’ai dit oui, sans trop savoir où j’allais ! C’était la première leçon : savoir se lancer ! 

Et concrètement ? 

On s’est inscrit, on a regardé les conditions et les attendus du concours, et on s’est préparé. Je dis on parce qu’une équipe s’est constituée : Mme Arnal, Mme Porterat (enseignante en anglais) et M. Blachon (enseignant lui aussi en hôtellerie-restauration) m’ont soutenu. Plus que soutenu en fait, ils m’ont préparé. 

J’ai d’abord participé à des qualifications régionales, les 16 et 17 mars 2023 à Dijon. J’ai remporté les épreuves (quand j’y repense, j’ai fait une première journée vraiment pas top, mais une belle remontada le deuxième jour !). Et là ça a pris un autre visage. Quelqu’un m’a glissé : “tu vas voir Paul, ça commence maintenant !” Je n’y croyais pas vraiment, mais il a fallu l’admettre : c’est devenu sérieux ! 

Comment t’es-tu préparé ? 

La pression est montée. Il faut se dire qu’on va consacrer du temps à ce concours. Pour moi, après-coup, je compte environ 20h chaque semaine à l’Ecole : j’y étais les lundis après-midi, les mardis en journée, les mercredis et jeudis soirs. Et je révisais chez moi, les fiches techniques notamment. Les semaines sans CFA, j’étais en service chez mon employeur, Paul Bocuse à Collonges-au-Mont-d'Or. Là-bas aussi je m’entraînais, je savais que mon travail faisait partie de mon entraînement. 
 

En quoi consistaient tes entraînements ?

Par exemple, pour les épreuves de bar, la partie création : j’ai bénéficié du soutien de Thibault Curioz, chef sommelier chez Paul Bocuse pour le cocktail sans alcool. Également, Colin Lach, chef barman chez Monsieur Moutarde m’a accompagné sur le cocktail base café. Pour le barista, j’ai travaillé ma technique sur la Chemex avec l’aide de Bertrand Dubois d’Espresso-T

Ensemble, avec mes enseignants (qui deviennent des coachs, il faut le reconnaître), on a fait des essais, des erreurs, et on a recommencé. 

Il y a eu la préparation côté métier, mais aussi une préparation physique et mentale…

Oui, et ça a été un vrai plus. La région Bourgogne Franche-Comté a mis en place des entraînements pour tous les sélectionnés, avec 3 coaches spécifiques (préparation physique, préparation mentale et sophrologie). Je ne suis pas un grand sportif au départ, mais ça m’a fait du bien : renforcement musculaire, course d’orientation, rugby, et aussi techniques de respiration ! Ça aide à se sentir en confiance. 
Et ça aide aussi à faire une équipe : quand on s’est retrouvés tous ensemble, avec les autres métiers, la cohésion s’est construite, et là j’ai senti que je faisais partie d’un collectif, alors que tous les participants représentent des métiers différents ! C’était nouveau pour moi. Et j’ai beaucoup aimé ça aussi. 

Dis nous en plus sur les épreuves…

Dans les épreuves de bar, on compte une épreuve de création, avec la réalisation d’un cocktail sans alcool, un cocktail à base de café aussi, et une épreuve imposée (des recettes de cocktails à connaître, puis 11 données une semaine avant le concours, puis 2 données le dernier quart d’heure à réaliser au dernier moment !).

Des épreuves de service, bien sûr : un service bistronomique (2 x 1 h), gastronomique (2h15), un petit déjeuner (20min, avec mise en place, service de viennoiseries, etc.). 
Et d’autres épreuves, comme le carafage des vins, la reconnaissance des vins et des spiritueux, etc. 
 


Sur certaines photos tu es très ému… 

On traverse plein d’émotions ! Tu passes de l’envie d’en découdre où tu te sens très combatif à une peur bleue et l’envie d’abandonner. Durant l’été j’ai vraiment senti ça, alors que la préparation avait atteint un palier, je n’en voyais pas le bout… Et puis on reprend le dessus, la confiance revient. Et le stress monte à l’approche du concours !

Et c’est là que le travail avec le groupe a payé : on prend confiance grâce aux autres, grâce au collectif. Ça n'empêche pas les sentiments contraires, mais ça aide énormément. 

Et la suite ? 

Ce n’est pas fini ! Puisque je fais partie de l’équipe de France maintenant, je retrouve début novembre les 2 autres candidats pour une semaine à Auxerre, pour des épreuves de sélection à nouveau : créer des cocktails, réaliser des services gastronomiques, et des ateliers d’anglais (parce que les concours suivants sont tous en anglais !). A la fin de cette semaine, on saura qui représentera la France à l’étranger pour les Monde, qui participera aux Euroskills, etc. 

C’est une expérience que tu recommandes ?

Trois fois oui ! On gagne 5 à 10 ans d’expérience, sur le plan professionnel comme sur le plan personnel ! Au travail tu deviens légitime, tu as pris ta place. Et tu gagnes en confiance, l’estime de soi. J’ai bien pris conscience du travail réalisé, sur ces deux aspects. Et ça il faut le vivre, allez-y, foncez !

Et toi, ensuite, quels sont tes projets ? 

Après les examens, et après les concours mondiaux, je pense partir un peu à l’étranger, travailler éventuellement au Royaume-Uni. Puis revenir, bien sûr. Et être un relais de ces expériences, devenir juré pourquoi pas ? 

J'ajoute un mot : je veux remercier TRÉS chaleureusement l'EDM qui m'a soutenu dans ce projet. Et encore plus, Audrey ARNAL, Carole PORTERAT, Romain BLACHON. 1000 mercis à eux.